Jan, pour commencer cet entretien, peux-tu me
parler de toi ?
Mon nom est Jan Preston et je vis en Australie.
Cependant je ne suis pas australienne. Je suis une "kiwi" car
je suis originaire de Nouvelle Zélande.
Peux-tu revenir sur les circonstances qui t'ont
emmenée à pratiquer le piano ?
Au départ j'étudiais, exclusivement, le piano classique
et je ne faisais jamais du Boogie Woogie ou du Blues.
Plus tard je suis allé à New-York où j'ai eu l'occasion
d'entendre Professor Longhair se produire en concert, c'était
juste quelques mois avant sa mort, en 1979.
Il m'a tellement inspiré que j'ai décidé de me réorienter
musicalement et de me lancer dans le Rythm & Blues.
Crois-tu qu'il est plus facile de se lancer dans
le Rythm & Blues après avoir reçu une éducation
classique ?
Non, je crois que l'étude de la Musique Classique est très
mauvaise pour cela !
Par ailleurs je m'en aperçois lors de mes voyages. Par exemple,
lors de mes derniers concerts en France, j'ai eu l'occasion de voir de
jeunes joueurs de piano qui étaient vraiment fantastiques et qui
n'avaient jamais fait d'études classiques.
Je crois que c'est bien meilleur car il est difficile de changer de registre
ou penser que l'on peut improviser.
J'aime la Musique classique et il m'arrive encore, occasionnellement,
d'en jouer. Je pense que si tu as en toi certaines sensations, une certaine
écoute et un certain sens du rythme tu es, alors, fait pour pratiquer
du Funk, de la Soul, du Blues, du Boogie et de nombreux styles de jazz.
Mais cela peut être compliqué à obtenir si tu as une
éducation classique, enfin c'est mon opinion
Ta carrière professionnelle a-t-elle commencé
avec le Boogie Woogie ou avec la musique Classique ?
J'ai commencé professionnellement avec la Musique Classique, c'était
dans un théâtre avec un groupe de théâtre.
Par la suite j'ai aussi composé des musiques pour des films
Est-ce facile de s'exprimer à travers le
Boogie Woogie en Australie ?
Oui mais la scène est très réduite là-bas.
D'ailleurs il ne doit y avoir que 5 ou 6 musiciens qui pratiquent du Boogie
Woogie, régulièrement, dans ce pays. J'y suis une des artistes
les plus spécialisées dans ce registre
Vraiment s'il y a, peut être, 25 ou 30 pianistes du genre nous ne
devons être que 5 ou 6 à en vivre.
Je suis, d'ailleurs, peut être la seule à autant me produire
sur scène. Je ne dis pas que c'est moi qui joue le mieux mais je
dois être celle qui joue le plus !
Pour toi est-ce qu'il y a une grande différence
entre les pianistes de Boogie Woogie européens et les autres ?
Les pianistes de Boogie Woogie européens sont les meilleurs dans
le monde (rires) !
Je suis très impressionné par l'excellence des pianistes
ici, ils m'inspirent vraiment.
J'adore Axel Zwingenberger, Christian Bleiming etc
Il y a aussi d'excellents spécialistes en France dont un dont je
n'arrive pas à me souvenir du nom
C'est pour cela que j'aime venir en Europe car tous ces excellents artistes
m'aident à trouver de l'inspiration.
Les américains sont bons et bénéficient du fait d'appartenir
à la lignée des grands artistes originaux comme Albert
Ammons, Mead Lux Lewis, Pete Johnson
J'ai une grande admiration pour Katie Webster, Marcia Ball
et il y en à d'autres que je ne connais, par contre, que par leurs
disques.
Il doit encore y avoir bien d'autres grands pianistes là-bas mais
je dois avouer que c'est une scène que je connais assez peu car
je préfère, vraiment, travailler en Europe.
Connais-tu quelques artistes français dans
ce domaine ?
J'ai entendu il n'y a pas longtemps lors de deux shows que je faisais
en France un pianiste de Boogie Woogie, Julien (Jan n'arrive pas à
se remémorer le nom, Nda)
Ne s'agit-il pas de Julien BRUNETEAU ?
Oui c'est ça !
Il est formidable, vraiment excellent (Jan semble, alors, vraiment
bluffée par le talent de Julien, Nda)
Peux-tu me parler de ta discographie ?
J'ai appris le Classique mais je me suis lancée, de moi-même,
dans le Boogie Woogie et le Blues.
Après avoir déménagé de la Nouvelle Zélande
à l'Australie j'ai enregistré 5 albums en solo.
J'ai aussi joué dans énormément de Festivals et de
concerts à travers tout ce pays mais aussi en Nouvelle Zélande.
Je tourne, actuellement, avec un batteur allemand qui se nomme Michael
Maass.
Nous allons bientôt enregistrer ensemble à Berlin, pendant
deux jours, j'ai vraiment très envie d'enregistrer avec lui.
Pour toi qui voyages à travers le monde,
que penses-tu du public européen ?
Le public européen est formidable, ils est très éduqué
et s'y connaît bien en Boogie Woogie.
Il donne beaucoup de répondant aux artistes, il est très
respectueux et n'hésite pas à taper dans ses mains quand
il le faut et pendant très longtemps s'il est content !
Je pense cependant que les autres publics, que ce soit en Australie, au
Canada ou en Nouvelle Zélande sont aussi très bons. Il suffit
de faire son travail à fond et de s'investir complètement
dans ses concerts. C'est aux musiciens de faire le maximum pour créer
cette connexion avec le public.
Si tu es bon tu auras toujours une bonne réponse de leur part
Quels sont tes meilleurs souvenirs de collaborations
?
J'aime vraiment jouer avec le batteur Michael Maass. Il est réellement
fantastique
J'aime aussi jouer avec quelques autres musiciens allemands
Il y a aussi de très bons artistes de Blues et de Bogie Woogie
en Australie et en Nouvelle-Zélande mais si je te dis leurs noms
cela ne te dira rien
C'est la meilleure chose pour moi dans la musique, pouvoir faire tant
de rencontres puis jouer ensemble. C'est très excitant
Est-ce, actuellement, ta première tournée
en France ?
Oui c'est ma première tournée française et j'en suis
très contente
J'avais appris à parler, un petit peu, le français à
l'école (rires)
As-tu une conclusion à ajouter ?
Je tenais à te remercier pour ton soutient car c'est un long chemin
pour venir jusqu'à ici.
C'est vraiment agréable d'aller à l'autre bout du monde
et de rencontrer des gens qui soient intéressés par ma musique.
C'est très excitant et merci, merci, merci beaucoup !!!
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